Marchant pieds nus dans la terre chaude de fin de matinée, pendant les grandes vacances il nous était permis -et même proposé- d’extraire une carotte ou deux du potager. Un coup de lavage à la fontaine, et voilà que je croquais avec délice ce que nous appelions des racines.
D’abord, il y avait cette merveilleuse couleur orange qui vous réchauffe le fond de l’œil et vous éclaire la rétine. Encore maintenant, j’ai cette sensation, c’est presque physique.
Ensuite, venait le croquant du légume : un coup sec de nos quenottes encore solides et blanches et on entendait cet agréable bruit de brindille de bois qui faisait crac et résonnait aussi bien à notre oreille que dans nos mandibules.
Enfin il fallait mâcher, étape obligatoire avant d’avaler ces morceaux secs et pourtant juteux, légèrement acides si l’on cherchait bien mais si doux sans être trop sucrés. Et c’était surtout une source de bienfaits que nous ignorions.
Depuis, je me suis instruite : c’est sûr, la carotte, il faut en faire tout un plat.
Mes sensations de petite fille étaient vraiment justes si l’on considère la littérature scientifique autour de la carotte. Petit tour d’horizon pour vous donner plus que jamais envie de mettre la carotte à toutes les sauces. Cela étant, vous le faites sans doute déjà car elle serait le 2e légume le plus consommé en France après la tomate (laquelle serait plutôt un fruit, mais on ne va pas chipoter, l’essentiel est de les manger !)
Tous les bienfaits de la carotte
Le bétacarotène : c’est lui qui donne le bel orange, mais surtout ce pigment est parfait pour maintenir notre système immunitaire, la peau, la vue. Et l’adage populaire rappelle aux enfants qui rechignent « mange tes carottes, ça rend beau ». Le bétacarotène est sans danger s’il est pris naturellement, c’est-à-dire à travers notre alimentation de fruits et légumes —alors que ce n’est pas le cas si c’est une supplémentation artificielle (Plantes et santé – n° 221 mars 2021).
La lutéine : un autre pigment excellent pour renforcer l’œil et le cerveau. Pas étonnant que les couleurs de carotte, même encore maintenant, ravissent mes yeux de myope qui doivent les appeler de tous leurs vœux. D’autant plus que désormais, je varie la palette : les carottes se déclinent du blanc au violet.
Les fibres : comme tout végétal, la carotte en est bien pourvue. Elles servent au transit intestinal, mais la carotte a ceci d’extraordinaire qu’elle le régule. Entre diarrhées et constipation, elle rapporte l’équilibre. D’ailleurs, chez nous, la diète des petites gastros est jus ou bouillon de carottes.
La vitamine C que l’on connaît bien pour tous ses bons pouvoirs.
Ainsi la carotte concentre bien de bonnes choses pour notre santé. C’est bien connu en médecine naturelle, prendre ensemble ces petites doses est bien meilleur que de le faire de façon isolée, même si leur concentration est supérieure.
Le cocktail de nutriments que contient la carotte les met en synergie pour apporter globalement des actions antidiabétique, anti-inflammatoire, antiallergique et tant d’autres : une vraie prévention pour notre immunité et vitalité.
La carotte à toutes les saisons
C’est le printemps, les carottes nouvelles arrivent et comme Jeannot Lapin, jetons-nous dessus quand on sait toutes leurs vertus. On les appelle carottes primeur, mais moi j’en consomme au moins une fois par semaine toute l’année.
Car la carotte se conserve bien dans la terre ou le sable, et puis on la trouve aussi toute prête surgelée. C’est bien plus pratique que celles qui passent l’hiver dans la terre et peuvent même être visitées par les petits vers —normal, ils savent que c’est bon à la santé encore mieux que nous ! C’est très long alors pour les nettoyer mais elles restent excellentes.
En tranches, en cubes, en lanières, en bâtonnets, les carottes sont toujours bonnes à manger, sachant que la forme de leur découpe modifie (un peu) leur goût et façon de les cuisiner. Bien sûr, on s’épargne du travail si on peut garder leur peau à la condition qu’elles soient en agriculture biologique. C’est aussi une affaire de goût : personnellement, trop épaisse, la peau ne passe pas, surtout lorsqu’on garde le légume cuit entier.
Quelques unes de nos accommodations familiales pour cuisiner la carotte :
La carotte entière parfume et apporte de la couleur à tous les plats demandant du bouillon style pot au feu, potée, aïoli…
De petits cubes avec les lentilles à la dijonnaise font un plat complet.
Les rondelles se cuisent à l’étouffée. Avec un peu de tomates, ça change la donne.
Le cumin, le curcuma et le gingembre sont des épices qui vont parfaitement avec.
Et bien sûr, les carottes crues râpées. Pour faire mieux que la vinaigrette, du jus de citron et de l’huile d’olive ou de noix (proportion 1 pour 3), ou encore du vinaigre de cidre à la place du citron. En ajoutant quelques tranches d’orange ou de mandarine (ou de leur jus), et/ou des raisins secs, nous voilà partis au Maroc…
Nous vous avions aussi présenté dans ce blog les nouilles asiatiques ou de la soupe de courge et carottes. On a bien sûr testé leurs fanes dans la soupe, extrêmement gouteux dès quelques uns ajoutés—on n’abusera donc pas pour ceux qui n’apprécient pas les saveurs fortes.
En cuisinant un peu plus, les carottes se mettent en quiche ou cake. Et en version sucrée, le gâteau à la carotte est toujours étonnant d’originalité.
Bref, la carotte se prête à tous les plats et on peut en abuser : aucun danger à lui faire la part belle même s’il y a de quoi impressionner les bœufs-carottes.
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