Comment ça, cacher un sein voire un corps, ce n’est pas le style… diraient les artistes ou les publicitaires !
Le corps nu des femmes, sujet ou objet ?
Car le corps nu des femmes, objets ou pas (on ne sait toujours pas le fin mot du débat) fantasmé, beau, en noir et blanc, ou en couleur sur papier glacé jusqu’à en être interdit aux moins de 18 ans, fait parler, éructer, jouir, vendre... La liste est longue, infinie. Mais à regarder de plus près, quels corps ?
Celui des belles, des jeunes toujours et avant tout. Bien sûr, la société avance un peu, et maintenant on voit des beautés black, des mannequins un peu plus âgées pour vanter les crèmes anti vieillerie, des rondes, bientôt des poilues espérons le pour sortir des corvées d'épilation... mais la masse des femmes craint toujours de se mettre en maillot de bain ! Et les collections de jolies filles sur les réseaux sociaux ou en galeries d’art sont quand même plus nombreuses et courues que celles des vieilles peaux. Après la ménopause, n’y aurait-il point de salut ?
Une photographe vise les vieilles femmes nues
De ce constat, une artiste a osé photographier des vieilles. Mais pas leurs rides d’expression de leur vie, pas leur silhouette évocatrice d’un style ou d’une culture, non, mais leur corps nu, oui. Pas facile de broder de belles paroles sur le délabrement des chairs comme on peut encore le faire pour un visage ou des vêtements. C’est cru, jusqu’au dérangeant.
C’est Clélia Odette Rochat qui a imaginé le projet « belles mômes ». C’est vrai que ça peut renvoyer à Jolie Môme de Juliette Gréco, autant se dire que les femmes en photo étaient jeunes dans les années 50. Et les voilà prises dans leur nudité. Avec des seins pendants, des tâches de vieillesse, des plis plus qu’il n’en faut pour faire une pâte feuilletée qu’on n’aurait peut-être pas envie de croquer.
Selon Marie-Claire.be, notre photographe veut lutter contre la quasi injonction faite aux femmes de plus de 50 ans à rester jeunes et séduisantes. Ces dernières perdent leur estime d’elles (quand elles en ont eu un peu tant on sait que les femmes en sont réduites) et beaucoup s’obligent à la chirurgie esthétique. Alors elle montre les faits, à travers son objectif et son talent, pour qu’on s’habitue à ces corps imparfaits, pour que les femmes plus que mûres ne restent pas invisibles comme l’expliquait déjà la féministe Benoîte Groult il y a quelques décennies.
Clélia Odette Rochat, photographe féministe
Même Clélia Odette explique qu’elle n’est pas neutre dans son regard car elle est, comme beaucoup, imprégnée de l’idée qu’un corps vieux est moche et pas montrable. En luttant contre sa propre représentation, elle nous offre des clichés noir et blanc de ce qu’elle appelle désormais des beautés brutes. Si la plupart de ses modèles se trouvent peu regardables et ne s’aiment pas, elle les voit au contraire magnifiques et elle les magnifie. Des femmes avec des seins, des poses, des regards où il n’y a rien d’érotique ou lascif, juste des êtres, des vies à un instant T.
Exposition, livre, et compte Insta bien sûr, Clélia Odette fait tout pour que « les belles mômes » se voient. Moi qui me rassurais en estimant que mon petit bedon était simplement devenu comme les ventres de Botticelli, aurais-je néanmoins le courage de poser devant son objectif ? Selon elle, les personnes qui l’ont fait s’en sont retrouvées revigorées… tenteriez-vous l’aventure ?
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