La mode écolo nous fait tout faire : revenir en arrière, oser des trucs qu’on n’aurait même pas imaginé il y a quelques mois. Ainsi ma fille m’a fait tester le dentifrice au charbon. Soit. Le charbon je connaissais pour filtrer l’eau ou encore pour curer les intestins, mais je l’avais oublié pour le nettoyage des dents. Mais c’est logique : au moins le noir fait ressortir le blanc !
Me voilà donc avec un tube de la marque de dentifrice Coslys, tout ce qu’il y a de plus classique en packaging pour du dentifrice : plastique bien pensé pour qu’il ne se déforme pas et tienne debout sur le lavabo, couleurs et illustrations évoquant le propre et le vert à coup de rondelles de citron et feuilles de menthe. Et les mentions me plaisent : label cosmétique bio, 99 % d’origine naturelle, un discret rappel du drapeau français, vraiment on serait dans le vertueux.
Alors testons !
La texture : elle est assez proche d’une pâte habituelle mais elle mousse un peu moins pour la même quantité.
La couleur : c’est le choc car elle est noire. Habitués que nous sommes au blanc ou au pire aux trois rayures bien connues de Signal, c’est assez déroutant. Encore plus lorsqu’on crache et que cela couvre les parois du lavabo : impossible de le quitter sans un coup d’éponge.
Le goût : j’aime la fraîcheur et je choisis la plupart du temps de la menthe bien marquée. Ici, c’est plus léger mais tout est là, le citron apportant une touche très subtilement décapante qui donne l’impression de bien se nettoyer.
L’efficacité : inutile de rappeler que c’est le brossage qui fait l’hygiène buccale et non pas le dentifrice qui est un accessoire de confort. Alors le charbon actif ne dispense pas du va-et-vient de la brosse à dent au moins matin et soir. Quant à la blancheur annoncée, je n’ai pas vu de différence. Peut-être que ça marche plus sur des dents qui sont encrassées comme celles des fumeurs, ou chez ceux qui tout à coup se mettrait à l’ouvrage par vocation de vie saine ? Mais c’est sûr, quand on se rince après avoir vu dans la glace nos quenottes anthracites, on est ravi de les retrouver intactes et luisantes.
Verdict sur le dentifrice au charbon
Alors au final, je ne suis pas certaine de me convertir totalement. Le plus grand danger est de consommer plus car comme pour beaucoup de produits écologiques, les additifs auxquels nous sommes habitués sont supprimés. Ainsi nous attendons des éléments que nous associons à de l’efficacité comme la mousse ou la puissance d’une senteur que ce dentifrice ne peut donner.
Et comme ces tubes ont tous les codes de la consommation de masse, malgré leurs annonces de cosmétique soutenable, le but est sans doute de vendre en quantité. Si les ingrédients sont quasiment tous naturels, seulement 11 % sont issus de l’agriculture biologique… mais ça, c’est écrit en tout petit !
Mais sur le canapé, une chose a retenu mon attention. Alors que je regardais la télé après m’être brossé les dents, voilà que je salivais un peu plus que d’habitude : comme une petite production d’eau me demandant d’avaler. J’ai d’abord pensé à ma pratique du Qi Qong où des exercices sur la salive sont proposés, ce liquide faisant partie des salvateurs de notre corps. Mais non, c’était l’effet du dentifrice, le charbon accentuant ce phénomène de salivation laquelle serait un nettoyage complémentaire aux dents.
Et le charbon actif a des vertus connues depuis l’antiquité : détoxifiant, reminéralisant entre autres. Alors il contribue globalement à une bonne santé de la bouche, mais je crains le petit côté abrasif qu’il conserve sans doute malgré son broyage extrêmement fin… Ah décidément, rien n’est parfait !
Il est peut-être à adopter une fois de temps en temps, histoire de prendre soin de soi de façon « naturelle », mais en regardant bien les étiquettes. Coslys est loin des tubes frisant les 13 ou 15 euros qui ont peut-être une composition différente et plus puriste sur le label agriculture écologique. Et puis les dents blanches… sont parfois jaunâtres naturellement. Le dentifrice, si noir soit-il, n’ôtera pas des teintes de l’émail constituant nos dents. Le blanchiment est une mode de plus, loin du naturel que l’on réclame à corps et à cri.
Sourire avec ses dents propres ne serait-il pas l’essentiel ?
