“C’est en viscose, il me semble que c’est un tissu écologique car ça provient d’une matière naturelle” ai-je entendu il y a peu dans un magasin. La dame avait raison, cela provient bien de fibres végétales, mais de naturel il n’y a que ça malheureusement. En effet, la soie artificielle, comme elle est souvent nommée, est le résultat d’un procédé chimique qui transforme de la cellulose végétale en un fil très fin et soyeux.
Artificielle, chimique, il n’y a finalement pas beaucoup de naturel dans la viscose. Pourtant cette matière est souvent associée à la mode durable et écologique. Il est temps de faire le point.
Grenoble, fief de la viscose
Déjà, saviez vous que la région grenobloise a été longtemps une place forte de la viscose ? C’est pendant mon BTS Métiers de la mode que je l’ai découvert en allant visiter le musée de la viscose à Echirolles. Il est implanté sur le site même de l’usine et retrace l’histoire de cette matière et des ouvriers qui la fabriquaient. C’est ainsi que j’ai appris que derrière la soie artificielle se cachait un procédé de confection vraiment pas très vert. Je vous conseille grandement d’aller faire un tour dans ce musée si vous en avez l’occasion.
L’invention de la viscose
Mais revenons à nos moutons. La viscose a été inventée par un Français, Hilaire de Chardonnet, en 1884 alors qu’il essayait d’imiter la soie. Il met donc en place un procédé qui consiste a utiliser des produits chimiques (sulfate de soude et acide citrique) pour extraire la cellulose des fibres végétales (bambou, coton, bois, eucalyptus, etc). La pâte ainsi obtenue est mélangée à du disulfure de carbone pour être étirée en fils qui seront tissés.
Imaginez les ouvriers qui passaient leurs journées les mains dans ces produits…pas très ragoutante la soie artificielle ! Mais Hilaire de Chardonnet a atteint son objectif et très vite l’industrie textile s’est emparée de cette nouvelle matière plus résistante et surtout peu chère.
La viscose n’est pas une matière écologique
Alors, même si la soie artificielle provient en effet de fibres naturelles, n’y voyez pas là un tissu écologique.
La production de la viscose, qui s’est maintenant évidemment délocalisée, est non seulement gourmande en eau, mais très nocive pour l’environnement et les ouvriers qui travaillent à son contact. Pourtant, il n’est pas rare de retrouver des étiquettes “matière naturelle” sur des vêtements en viscose. Certaines marques de mode dites éthiques ou éco-responsables l'utilisent comme alternative végan à la soie (laquelle est issue des vers à soie). Le documentaire d'Arte sur les dessous de la fast-fashion aborde d'ailleurs le sujet de la viscose et va jusqu'en Inde pour remonter la filière.
Désormais vous saurez donc acheter en connaissance de cause ! Et si vous souhaitez une alternative vraiment naturelle à la soie artificielle, privilégiez le lyocell (ou Tencell). Son procédé de fabrication ressemble à celui de la viscose puisqu’il s’agit de transformer de la pâte de bois en fils mais il utilise un solvant non toxique et sa production est beaucoup moins gourmande en eau. Mais rien ne vaut le lin, sans doute l’une des fibres les plus éco-responsables que l’on puisse faire.
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